Chaque année, particulièrement au printemps, les chenilles processionnaires refont parler d’elles à Toulouse et en Occitanie, causant des préoccupations sanitaires pour les humains et les animaux, ainsi que des dégâts aux arbres. Qu’il s’agisse de la processionnaire du pin ou de celle du chêne, leurs poils urticants représentent un véritable danger. Cet article vous guide pour comprendre leur cycle de développement, identifier les risques et connaître les méthodes de lutte et de prévention efficaces.
Deux espèces principales en France et à Toulouse
Deux espèces de chenilles processionnaires sont principalement rencontrées en France et posent problème dans la région toulousaine :
- La Processionnaire du Pin (Thaumetopoea pityocampa) : C’est la plus connue et souvent la plus problématique dans le Sud de la France. Elle s’attaque principalement aux pins (pin d’Alep, pin noir, pin sylvestre, pin maritime, etc.) mais peut aussi occasionnellement coloniser les cèdres. Ses nids d’hiver, de grosses bourses de soie blanche, sont facilement reconnaissables dans les branches des pins.
- La Processionnaire du Chêne (Thaumetopoea processionea) : Moins médiatisée mais tout aussi urticante, elle se développe sur différentes espèces de chênes (chênes pédonculés, rouvres, pubescents, etc.). Ses nids sont plus discrets, souvent plaqués contre les troncs et les grosses branches, et les chenilles se déplacent en plaques plutôt qu’en files indiennes continues comme celles du pin.
La saison d’activité et de dangerosité varie légèrement entre les deux, mais les risques liés à leurs poils urticants sont similaires.
Cycle de développement des chenilles processionnaires
Le cycle de vie de ces insectes est annuel et comprend plusieurs étapes distinctes :
- Ponte des Œufs (Été) : Les papillons adultes, nocturnes et discrets, émergent en été (généralement entre juin et septembre selon l’espèce et la région). Après l’accouplement, les femelles pondent leurs œufs par centaines sur les aiguilles des pins (pour T. pityocampa) ou sur les petites branches et rameaux des chênes (pour T. processionea). Les œufs sont souvent regroupés en manchons ou en plaques.
- Éclosion des Larves (Fin de l’Été – Automne) : Les œufs éclosent après environ 30 à 45 jours. Les jeunes chenilles commencent immédiatement à se nourrir des aiguilles ou des feuilles de leur arbre hôte. Elles passent par plusieurs stades larvaires (généralement cinq), muant à chaque étape.
- Formation des Nids d’Hiver (Automne – Hiver pour la Processionnaire du Pin) : Les chenilles de la processionnaire du pin tissent des nids de soie de plus en plus volumineux au fur et à mesure de leur croissance pour se protéger du froid et des intempéries durant l’hiver. Elles sortent la nuit pour s’alimenter. La processionnaire du chêne forme des nids moins élaborés et reste active plus tard en saison, ses chenilles se développant principalement du printemps à l’été.
- Processions de Nymphose (Fin Hiver – Printemps pour la Processionnaire du Pin / Été pour celle du Chêne) :
- Processionnaire du Pin : À la fin de l’hiver ou au début du printemps (de janvier à mai, avec un pic souvent en février-mars à Toulouse, parfois plus tôt comme observé en 2025 où les processions ont été précoces en Occitanie – Source: France Bleu Occitanie), les chenilles matures (au dernier stade larvaire) quittent leur nid en file indienne caractéristique (en procession) pour chercher un endroit ensoleillé et meuble dans le sol où s’enfouir.
- Processionnaire du Chêne : Les chenilles descendent en procession le long du tronc ou des branches en été (juin-juillet) pour former un cocon collectif au pied de l’arbre ou dans les grosses branches, où elles se nymphosent.
- Nymphose (Chrysalide) : Une fois enterrées (pin) ou regroupées (chêne), les chenilles se transforment en chrysalides. Cette phase peut durer plusieurs mois, voire plusieurs années pour certaines chrysalides de la processionnaire du pin (diapause prolongée), ce qui complique la prévision des émergences de papillons.
- Émergence des Adultes (Été) : Les papillons émergent du sol ou des cocons, le cycle recommence.
Pourquoi les chenilles processionnaires sont-elles des nuisibles dangereux à Toulouse ?
Les chenilles processionnaires sont classées comme nuisibles en raison des impacts significatifs qu’elles ont sur la santé humaine, la santé animale et l’environnement :
- Pour les humains : risques sanitaires majeurs :
- Poils Urticants : Le principal danger provient des milliers de poils microscopiques urticants (soies) que les chenilles développent à partir de leur troisième stade larvaire. Ces poils contiennent une protéine toxique, la thaumétopoéine. Ils sont très volatils et peuvent être facilement dispersés par le vent, même sans contact direct avec les chenilles ou les nids (anciens nids compris).
- Réactions Cutanées : Contact avec la peau provoque des éruptions douloureuses avec de fortes démangeaisons, des rougeurs, des cloques, ressemblant à de l’urticaire. Ces réactions peuvent durer plusieurs jours à plusieurs semaines.
- Problèmes Respiratoires : L’inhalation des poils peut irriter les voies respiratoires, déclencher des éternuements, des maux de gorge, des difficultés à respirer, et aggraver des conditions préexistantes comme l’asthme.
- Irritations Oculaires : Le contact avec les yeux peut causer une conjonctivite sévère, un larmoiement, un gonflement des paupières, et dans les cas graves, des lésions de la cornée si les poils s’y implantent.
- Réactions Allergiques Graves : Des contacts répétés peuvent sensibiliser et entraîner des réactions allergiques de plus en plus sévères, allant jusqu’au choc anaphylactique chez les personnes très sensibles. L’ARS Occitanie et Fredon Occitanie rappellent régulièrement ces dangers (Source: Fredon Occitanie – Info Chenilles Processionnaires).
- Pour les animaux (surtout les chiens et les chevaux) :
- Intoxications Sévères : Les animaux domestiques, en particulier les chiens curieux qui peuvent lécher ou mordre les chenilles, sont très exposés. Le contact avec la langue ou la gueule est particulièrement dangereux.
- Lésions Buccales et Linguales : Provoque un gonflement important de la langue (glossite), des babines, une salivation excessive, des vomissements, des douleurs intenses. La langue peut se nécroser, entraînant parfois la perte d’une partie de cet organe (Source: France 3 Occitanie – Dangers pour les animaux). Une consultation vétérinaire d’urgence est impérative.
- Autres Symptômes : Difficultés respiratoires, troubles digestifs, choc anaphylactique.
- Pour l’environnement et les arbres :
- Défoliation des Arbres : Les chenilles se nourrissent des aiguilles (pins) ou des feuilles (chênes), ce qui peut entraîner une défoliation importante, surtout en cas de fortes infestations répétées. Cela affaiblit les arbres, réduit leur croissance, et les rend plus vulnérables aux autres stress (sécheresse, autres parasites, maladies).
- Impact sur la Biodiversité : Bien que faisant partie de l’écosystème, leur prolifération peut déséquilibrer localement la faune et la flore.
La Mairie de Toulouse mène des campagnes de lutte, notamment contre la processionnaire du pin, pour protéger les usagers des espaces verts (Source: Toulouse Métropole – Campagne de lutte).
Comment lutter contre les chenilles processionnaires à Toulouse ?
Plusieurs méthodes de lutte existent, à adapter selon le stade de développement des chenilles, l’espèce et l’ampleur de l’infestation. La prudence est de mise lors de toute intervention.
1. Méthodes préventives et de lutte mécanique :
- Échenillage (Hiver pour le Pin) : Consiste à couper et détruire les branches portant les nids d’hiver des chenilles processionnaires du pin. Cette opération doit être réalisée par des professionnels équipés (perches télescopiques, protections individuelles complètes) car les nids contiennent déjà des poils urticants. Les nids doivent ensuite être incinérés ou emportés dans des sacs hermétiques. Ne jamais les composter.
- Écopièges® ou Colliers Pièges (Période des Processions) : Installés autour du tronc des pins (pour T. pityocampa), ces dispositifs interceptent les chenilles lors de leur descente vers le sol. Elles sont dirigées vers un sac collecteur rempli de terre, où elles s’enfouissent et se transforment en chrysalides. Les sacs doivent ensuite être manipulés avec précaution et détruits. Cette méthode est écologique et efficace si bien posée.
- Destruction des pontes (Été) : Repérer et détruire les pontes sur les aiguilles ou les rameaux. Difficile à mettre en œuvre à grande échelle.
2. Lutte biologique :
- Traitement au Bacillus thuringiensis (Bt) : C’est une bactérie (variété kurstaki, sérotype 3a3b) qui, une fois ingérée par les jeunes chenilles (stades larvaires précoces L1 à L3), paralyse leur système digestif et les tue. Ce traitement est sélectif (n’affecte pas les abeilles, coccinelles, etc.) et doit être pulvérisé sur le feuillage à l’automne pour la processionnaire du pin, ou au printemps/début d’été pour celle du chêne. Il est plus efficace sur les jeunes stades larvaires.
- Favoriser les Prédateurs Naturels : Les mésanges (charbonnières, bleues, huppées) sont de grandes consommatrices de chenilles processionnaires, y compris urticantes. Installer des nichoirs à mésanges peut aider à réguler les populations. D’autres oiseaux, des coléoptères (comme le grand calosome) ou des chauves-souris peuvent aussi consommer des chenilles ou des papillons.
- Nématodes entomopathogènes : Peuvent être utilisés pour traiter le sol où les chenilles s’enterrent, mais leur efficacité est variable.
3. Lutte chimique (en dernier recours et par des professionnels) :
L’utilisation d’insecticides chimiques est de plus en plus réglementée et doit être réservée aux cas extrêmes, appliquée par des professionnels agréés, en respectant scrupuleusement les conditions d’emploi pour limiter l’impact sur l’environnement et les espèces non ciblées.
4. Piégeage des papillons adultes (Été) :
Des pièges à phéromones sexuelles peuvent être installés pour capturer les papillons mâles, limitant ainsi les accouplements et donc le nombre de pontes. C’est une méthode de suivi des populations et de lutte à long terme.
Précautions indispensables :
- Ne jamais toucher les chenilles, les nids (même vides) ou les cocons à mains nues.
- Porter des vêtements couvrants, des gants, des lunettes de protection et un masque FFP2 ou FFP3 en cas de proximité avec des zones infestées ou lors d’interventions.
- Éviter de tondre ou de débroussailler sous les arbres infestés, car cela disperse les poils.
- Laver abondamment à l’eau et au savon en cas de contact cutané, rincer les yeux à l’eau claire. Consulter un médecin ou un vétérinaire en cas de réaction importante.
- Tenir les enfants et les animaux éloignés des zones à risque.
Faire appel à un professionnel à Toulouse
Compte tenu des risques importants, il est fortement conseillé de faire appel à une entreprise spécialisée comme Nuisi Plus à Toulouse pour la gestion des chenilles processionnaires. Nos techniciens qualifiés disposent des équipements de protection et des techniques adaptées pour :
- Diagnostiquer l’infestation et identifier l’espèce.
- Proposer la méthode de lutte la plus appropriée et la plus sûre (échenillage, pose d’écopièges, traitement biologique, etc.).
- Intervenir en toute sécurité pour vous et votre environnement.
Références
- France Bleu Occitanie – Les chenilles processionnaires très nombreuses ce printemps en Occitanie (22/03/2025) : https://www.francebleu.fr/infos/environnement/les-chenilles-processionnaires-tres-nombreuses-ce-printemps-en-occitanie-9269258
- France 3 Occitanie – “L’animal peut perdre une partie de sa langue”, dangereuse pour l’animal et pour les humains, la chenille processionnaire est de retour (31/01/2025) : https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/haute-garonne/toulouse/l-animal-peut-perdre-une-partie-de-sa-langue-dangereuse-pour-l-animal-et-pour-les-humains-la-chenille-processionnaire-est-de-retour-3100933.html
- Toulouse Métropole – Campagne de lutte contre la prolifération de la chenille processionnaire du pin (22/06/2021) : https://metropole.toulouse.fr/espace-presse/campagne-de-lutte-contre-la-proliferation-de-la-chenille-processionnaire-du-pin